Les communautés locales vivant dans la périphérie du parc considèrent souvent le parc comme leur seule ressource pour survivre. En dehors de l’utilisation des ressources naturelles, ces communautés n’ont jusqu’à présent pas pu bénéficier du parc, par exemple parce qu’il n’y a pas de tourisme. Dans son intervention, ISCO soutient ces communautés pour améliorer leurs moyens de subsistance de manière durable.
Pourquoi ISCO a-t-elle choisi d’appuyer la culture du café dans les environs de Watsikengo ?
Willy Bitwisila, Représentant national de ISCO, explique : « Lorsque nous sommes arrivés dans la Tshuapa, nous avons commencé par des consultations des bénéficiaires pour identifier les activités à entreprendre. Nous avions prévu la promotion des cultures de rente dans le projet, et c’est la population qui a choisi le café car elle avait déjà pratiqué cette culture dans le passé ».
En effet, la province de la Tshuapa était une importante région productrice de café dans le pays jusqu’à la fin des années 90. La production a malheureusement souffert des événements et du contexte politique qu’a traversé le pays au cours des dernières décennies et le café a quasiment cessé d’être cultivé comme culture commerciale.
Bien que les producteurs se soient progressivement découragés en raison de la disparition des structures d’achat, plusieurs étant même décédés, des plantations de café sont néanmoins encore présentes.
La composante ISCO du PARCCS (Programme Agricole Rural et de Conservation du Complexe de la Salonga) – un programme financé par l’Union Européenne, l’USAID et le gouvernement allemand à travers la KfW – a donc cherché à réhabiliter ces anciennes plantations.
« A ce jour le projet a pu donc lancé la récupération de champs qui couvrent près de 500 hectares. Il faut cependant noter que dans ces anciennes plantations, environ 30% des caféiers présents peuvent effectivement être récupérés. Les superficies restantes sont couvertes progressivement avec des nouveaux caféiers provenant des pépinières installées avec l’appui du projet » explique encore Willy Bitwisila.
Pour encourager les agriculteurs, le projet a pensé créer et mettre en place un centre d’achat de café où un fort accent est mis sur la qualité du produit à fournir. Les planteurs actuels, environ 1000 sont regroupés en 22 associations et reçoivent un encadrement technique de l’équipe du projet.
Willy Bitiswila, représentant d’ISCO en RDC, travaille avec l’ONG depuis 2006 et a fait des études d’agronomie à l’Université de Yangambi. Il adore le café pas seulement pour la consommation mais également parce que c’est un produit de « socialisation » de la communauté, qui lorsqu’il est disponible au village est typiquement partagé avec tout le monde.
Le centre emploie un expert, Florentin Ngombo, qui dispose d’une solide expérience de travail dans les structures qui avaient existé dans la région. Un agronome, Danny Lifinda, supervise quatre encadreurs qui à leur tour ont chacun 5 à 6 associations à leur charge
Pour rendre les anciennes plantations à nouveau productives il faut procéder à certains travaux: tailler les vieilles branches superflues, couvrir les espaces vides, éliminer l’ombrage inutile des autres arbres, se débarrasser des caféiers trop vieux.
Le centre enseigne également dans ses champs d’expérimentation le savoir-faire nécessaire pour la culture de nouveaux plants.
La politique mise en place par le centre visant la fourniture d’un produit de qualité, un triage minutieux est effectué à la récolte afin de ne garder que les meilleures cerises. Le plaisir d’une bonne tasse de café dépend en effet du soin mis depuis l’étape de la récolte. Les cerises sont ensuite séchées soigneusement avant le dépulpage. Le centre possède une décortiqueuse et une déparcheuse pour assurer un traitement adéquat du café après la récolte.
Un entrepreneur privé intéressé à l’achat a déjà été identifié et le projet accompagne les négociations entre les producteurs et cet entrepreneur. Les producteurs sont cependant libres de vendre aux acheteurs de leurs choix et il n’y a donc aucune exclusivité d’aucune sorte.
Le projet vise à ce que les ménages impliqués dans la culture arrivent chacun à avoir un hectare couvert (en gardant à l’esprit qu’un hectare de café peut contenir 1100 pieds capable de produire). En ce moment la couverture est d’environ 400 pieds. Si l’on arrive au niveau de couverture souhaité, on peut envisager une production de 1500 kg par an environ par ménage.
Cette initiative de relance de la production du café dans la Tshuapa avec l’installation d’une facilité de vente pour les planteurs fait ainsi partie des actions de sédentarisation des agriculteurs dans l’optique d’une valorisation des jachères qui a pour effet la réduction des menaces envers le Parc de la Salonga et dans le même temps l’amélioration des moyens de subsistance des communautés.
Ceci est également un pas dans la marche vers une production à terme d’un café labélisé Salonga.
Inauguration du centre d'achat et de traitement de café à Watsikengo dans la périphérie du Parc national de la Salonga
Café arabica et robusta
Les saveurs des cafés diffèrent suivant le sol, l’altitude, le climat, la façon dont les grains sont séchés par le producteur et la manière dont ils sont torréfiés. Chaque café a son propre caractère aromatique.
Deux principales variétés de café sont cultivées dans le monde : l’arabica et le robusta.
Le café arabica est la variété de caféier la plus répandue au monde. Il tient son nom arabica de la péninsule arabique. Il existe près de 200 types d’arabicas classés en plusieurs sous-espèces. Le café arabica représente 70% de la production de café mondiale. Les arbres poussent dans les hauts plateaux, entre 800 et 2000 mètres d’altitude L’arabica se distingue par sa grande finesse, ses arômes plus développés que ceux du robusta et sa faible teneur en caféine.
Le café robusta tient son nom de la robustesse et de la résistance de son arbre. Ce caféier peut atteindre près d’une dizaine de mètres et résiste à de nombreuses maladies, insectes ou conditions météorologiques extrêmes. Le café robusta est cultivé dans les plaines à une altitude plus basse que l’arabica, entre 0 et 800 mètres d’altitude sous un climat chaud oscillant entre 24 et 30°C. Cette espèce de café est plus facile à cultiver que l’arabica. Le café robusta représente 30% de la production de café mondiale. Le café cultivé à la Tshuapa est du robusta.
Le robusta présente un arôme moins développé, un goût plus amer et plus corsé que l’arabica. De plus, le café robusta contient deux fois plus de caféine que le café arabica.