Viande de brousse saisi

En novembre 2021, 11 colis de viande de brousse ont été saisis par l’unité mobile du PNS dans le territoire de Monkoto,  province de la Tshuapa.

Ce qui était choquant pour le personnel du parc était le nombre d’animaux tués par les braconniers et surtout le fait que cette fois-ci, les braconniers avaient également tué un bonobo, un grand singe classé comme espèce en danger sur la liste rouge de l’UICN et donc strictement protégé.

Un jeune bonobo assis dans un arbre et observant curieusement la photographe.

Viande de brousse saisie au Parc national de la Salonga
La vidéo monte 11 colis de viande de brousse saisis. Des mains des bonobos sont clairement visible dans un des colis.

La pauvreté menace les espèces

Les sentiments de l’unité de gestion du parc (UGPNS) sont donc partagés entre d’un côté, la fierté de l’unité mobile qui par son bon travail est arrivée à empêcher les braconniers de tuer encore plus d’animaux et de l’autre côté l’inquiétude provoquée par le fait que les braconniers provenaient de plus de 250km et avaient donc fait 8 à 10 jours de voyage pour chasser dans la partie de la province de la Tshuapa du PNS.

« Les braconniers sont originaires de Sankuru. Ils viennent de Sankuru et pénètrent le parc à travers le Territoire de Monkoto pour y braconner » déclare Lucien Gedeon Lokumu, directeur adjoint du PNS.

La conclusion triste pourrait être qu’au niveau de Sankuru, il n’y ait plus d’animaux à chasser même si ce n’est qu’une spéculation.

« Nous savons que le braconnage est surtout un problème dans la partie sud-est et sud-ouest du PNS, dans les provinces de Sankuru et Mai-Ndombe. Malheureusement c’est presque impossible de vraiment contrôler tout le parc avec les moyens logistiques, financiers et le nombre des écogardes disponibles. Nous faisons de notre mieux, non seulement avec les patrouilles mais aussi en donnant d’autres perspectives de développement à la population locale. Au fond, la pauvreté et le manque d’alternatives sont les raisons pour lesquelles les gens se tournent vers le braconnage qui est soutenu par la forte demande constante en viande de brousse des grands centres urbains » explique Pierre Kafando, directeur du PNS.

En effet, la majorité de la population locale est très pauvre et dépend des ressources naturelles pour leur survie quotidienne. La chasse et la pêche ainsi que l’agriculture de subsistance sont les activités primaires pour subvenir à ses besoins.

Viande de brousse dans un marché local.

Des mains des bonobos saisies à la Salonga.

La chasse en RDC

En dehors des aires protégées où la chasse est interdite, celle-ci est généralement autorisée en RDC mais avec certaines règles à respecter afin de s’assurer que le prélèvement et la reproduction des animaux sont en équilibre. Par exemple, il y a certains animaux – comme le bonobo, l’éléphant de forêt ou le pangolin géant – qui sont interdits de chasser partout à cause de leurs faibles populations ; d’ autres animaux, comme les céphalophes, les antilopes, les suidés, les petits singes et dans une moindre mesures les petits carnivores peuvent être chassés pour la consommation et le commerce.

Cependant, dans tous les  cas, la chasse de n’importe quel animal est strictement interdite dans le PNS comme dans tous les autres parcs nationaux en RDC. Cette règle est très importante pour garantir que les populations d’animaux peuvent se régénérer malgré la croissance démographique et l’augmentation de la demande pour la viande de brousse et les trophées. C’est-à-dire qu’en fin de compte, l’interdiction de chasser dans le parc contribue à ce qu’il y ait suffisamment d’animaux pouvant être chassés en dehors.

Les braconniers mentionnés ici n’ont malheureusement respecté ni la loi pour la conservation de la RDC ni les règles coutumières de la région, car le bonobo occupe une place particulière dans certaines communautés où des tabous sur sa chasse et la consommation de sa viande font partie des traditions locales.

« Je crois que pour ces braconniers la loi va faire son travail » conclut Lucien Gedeon Lokumu car les braconniers – dans le strict respect des droits humains – ont été remis à la justice où ils attendent de passer en jugement.

Depuis plusieurs années, l’UGPNS s’engage dans l’éducation environnementale et explique les droits et obligations de la loi de conservation aux riverains du Parc. Le but est de renforcer la compréhension des communautés riveraines que seule une utilisation durable en accord avec la loi protégera les  ressources naturelles pour les générations futures.

Idéalement, le travail des écogardes sera superflu un jour, mais d’ici là, ils  contribueront à protéger la biodiversité du parc.