Pierre Kafando est Chef de Site du Parc National de la Salonga, c’est-à-dire le responsable numéro un du parc dans le cadre de l’accord de co-gestion entre l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature et le WWF. Pierre est originaire du Burkina Faso et quand on lui demande de comparer la Salonga à l’environnement sahélien de son pays, il déclare : « C’est vrai que la forêt ici est toujours verte, alors qu’au Burkina il y a plus de couleurs suivant les saisons. Les difficultés de gestion d’une aire protégée sont cependant similaires: dans les deux endroits il y a des problèmes de braconnage contre lesquels il faut lutter ». Avant de venir en RDC, Pierre a travaillé pour le WWF dans la Réserve Spéciale de Dzanga Sangha en République Centrafricaine.
»Nous accompagnons les populations locales et les responsabilisons dans la gestion des ressources naturelles.«
Pierre, quelle est la collaboration qui existe entre le parc et les populations locales environnantes ?
Nous accompagnons les populations locales et les responsabilisons dans la gestion des ressources naturelles. Ceci passe par la structuration des communautés à travers les Comités locaux de développement (CLD) ainsi que l’élaboration de plans de développement communautaires. Ce processus comporte plusieurs étapes qui constituent un diagnostic des problèmes sociaux et économiques. Les potentialités du terroir sont mises en lumière et en fonction des besoins de développement on peut proposer des activités alliant la conservation des ressources et les besoins de développement des populations.
Les forêts communautaires représentent une grande innovation à cet égard. Elles sont attribuées à travers des documents officiels et nous accompagnons les communautés dans la gestion durable de ces forêts. Grâce notamment à la création de fermes modèles où l’on pratique une agriculture intégrée (agroforesterie, plantes pérennes, élevage, pisciculture, jachères améliorées).
Combien de fermes reçoivent un appui du parc?
En 2017, 10 fermes pilotes ont été mises en place. Nous sommes au début du processus et nous envisageons d’installer au moins une ferme dans chaque groupement (il y en a 19). Nous accompagnons les fermiers modèles dans leur choix d’activités. Nous apportons une aide à la commercialisation de la production grâce à l’ouverture des pistes vers Boende ou Mbandaka. Notre action consiste à réduire au maximum les facteurs incitant les populations à se procurer des ressources dans le parc.
La population est-elle réceptive à cet accompagnement?
Cela dépend des zones du parc. Dans les zones tel que les alentours immédiats de Monkoto, où l’on a mené bon nombre d’activités dans les années passées, nos initiatives sont très bien accueillies. On peut constater dans la zone de Monkoto une forte diminution du braconnage pour le commerce du gibier. Nous jouons aussi un rôle social apprécié par la communauté: nous facilitons entre autre l’évacuation de malades vers Kinshasa par avion. Nous avons mis en place un programme d’alphabétisation dans le corridor de Monkoto qui doit former environ 500 personnes cette année. Les cours sont entièrement gratuits. Nous prévoyons également de relancer la radio communautaire de Monkoto. C’est plutôt dans la région du sud-est du parc, où le problème du braconnage est plus aigu, que des efforts de sensibilisation restent à faire.