Tompoko, un petit village d’environ 400 habitants, est coupé des routes principales par des marécages. Historiquement, la communauté vivait de la chasse, de la pêche et de l’agriculture à petite échelle. Ce qui devint le parc national de Salonga en 1970 était le terroir ancestral de ses habitants.
Dimaro Ndombe, directeur d’école et agriculteur, et Mbuta Botuli, notable du village et pêcheur, évoquent les changements qu’ils ont vécus dans leur village en 15 ans de soutien de l’USAID au paysage Salonga-Lukenie-Sankuru.
Les années sombres
Dimaro raconte comment une poussée massive du braconnage militaire entre 1978 et 1985 avait laissé les forêts communautaires dépourvues d’éléphants, de potamochères et d’autres gibiers. Au début des années 2000 la situation était très difficile : avec peu de gibier disponible, les villageois vivaient dans la pauvreté. De plus, les anciennes variétés de cultures qu’ils pratiquaient étaient sujettes aux maladies. L’ancienne petite école en chaume s’était effondrée et les cours n’étaient plus dispensés depuis des années.
Mbuta se souvient de la création en 2001 d’Etate, un poste de patrouille du parc national sur la rivière Salonga, juste en face de Tompoko. Le poste de patrouille était aussi une station de recherche appuyée par la Société zoologique de Milwaukee (ZSM). Progressivement, les villageois sont entrés en contact avec le poste de patrouille pour vendre leurs produits.
ZSM à la rescousse
Les notables du village approchèrent ensuite la ZSM et demandèrent de l’aide pour reconstruire leur école. En 2004, l’école Tompoko était à nouveau opérationnelle. Pendant les 15 années suivantes, ZSM a fourni à Tompoko un modeste soutien pour le salaire des enseignants, des tableaux noirs, des manuels scolaires, de la craie et des cahiers. Parce que Etate est situé loin des centres commerciaux, les ècogardes parcs basés sur place avaient besoin d’une source fiable et locale pour s’approvisionner en nourriture. Cela a marqué le début d’une collaboration fructueuse entre Tompoko et le parc.
Afin d’augmenter le rendement agricole local, ZSM mis en place un programme agricole entre 2006 et 2010, soutenu par Self-Help Fund de l’Ambassadeur américain et par l’USAID (CARPE), pour Tompoko et sept autres villages voisins. Le programme a assuré la distribution et la multiplication de variétés de cultures améliorées pour les denrées de base telles que le manioc, le riz, le haricot et l’arachide. Lorsque Lotulo, un deuxième poste de patrouille à proximité, a été créé en 2012, la demande pour les rations de garde a doublé. Le marché garantit des rations de patrouille a fini par représenter un afflux annuel de 10 000 dollars en moyenne dans l’économie de Tompoko.
Lorsqu’on leur demande s’il ne vaudrait pas mieux pour Tompoko que le Parc national de la Salonga cesse d’exister pour avoir de nouveau accès aux richesses du parc, Dimaro et Mbuta s’accordent à dire que s’ils étaient indignés lorsque leurs territoires ancestraux de chasse et de pêche ont été interdits d’accès du fait de la création du parc, au fil du temps, cependant, leur point de vue est devenu plus pragmatique:
« Sans parc, il n’y a pas de gardes ni de ZSM non plus. Nous n’aurons ni marché ni école. Tompoko sera de nouveau pauvre, et nos enfants seront analphabètes. Des personnes venues de loin pénétreront dans notre forêt ancestrale pour chasser et pêcher, pas seulement nous. Non, nous ne pouvons pas accepter que le parc disparaisse! Nous le regretterions si nos enfants ne connaissent jamais les éléphants. «
Au cours des 15 dernières années, l’USAID a financé les programmes de sensibilisation communautaire de la Zoological Society of Milwaukee à travers ses programmes CARPE et CAFEC. ZSM soutient actuellement des écoles dans cinq villages qui atteignent plus de 500 enfants, ainsi que deux cours d’alphabétisation pour adultes. En plus de l’éducation, ZSM soutient trois marchés locaux qui fournissent des rations aux postes de patrouille dans la périphérie nord du parc national de Salonga.
Tompoko community leaders Mbuta Botuli and Dimaro Ndombe