Le braconnage: une occupation dangereuse

A Dekese, petite cité de la province du Sankuru, Oxfam appuie les populations locales pour améliorer leur pratique de l’agriculture vivrière. L’une des associations et regroupements de paysans qui bénéficie de ces appuis est l’AVLP : Association des volontaires de lutte contre la pauvreté.

L’AVLP possède cependant une caractéristique particulière : en effet les 30 membres de l’association sont tous d’anciens braconniers qui ont troqué le fusil pour la houe et la bêche.

Qu’est ce qui a bien pu motiver ce changement radical?

Donatien Nathanael Tshikala Ndjondo appelé aussi Nado, est le président de l’association. Il relate son passé de chasseur.

« C’est mon père qui m’a appris la chasse. J’étais très réputé dans mon village et j’ai tué toutes sortes d’animaux. Mais c’est une vie remplie de danger. « 

Donatien connais des chasseurs qui ont été arrêtés pour avoir braconné dans le parc national. S’adonner à une activité illégale et fuir parfois en pleine nuit dans la forêt est dangereux.

Donatien confie: « En 2017 j’ai croisé des responsables d’Oxfam qui sensibilisaient sur la chasse dans le Parc national de la Salonga. Leurs explications m’ont convaincu j’ai suivi les sessions qu’ils organisaient sur l’agriculture. Avec d’autres braconniers on s’est rendu compte que c’était une option très intéressante pour gagner notre vie « .

Donatien Nathanael Tshikala est fier de son nouveau mode de vie et exhorte des chasseurs qu'il croise à lui emboiter le pas.

Une agriculture lucrative

C’est avec fierté que Donatien explique comment l’appui reçu d’Oxfam a changé sa vie : « l’encadrement reçu nous permet de cultiver nos champs avec succès. Nous plantons du manioc, du riz et du niébé. En 2018 et 2019 Oxfam a organisé deux voyages par bateau pour aider les agriculteurs à vendre leurs productions à Kinshasa. Avec l’argent obtenu par la vente de mes produits j’ai pu acquérir de quoi transformer ma maison : j’habite désormais une maison couverte de tôles et non plus en chaume. J’ai également acheté une moto et des appareils de radiophonie ».

Avec humour Donatien montre ses vêtements : « quand j’étais braconnier je ne pouvais pas m’imaginer porter de beaux vêtements. Ceci est un résultat de ma reconversion dans l’agriculture ».

Donatien souligne qu’il exhorte les chasseurs qu’il lui arrive de rencontrer à abandonner la chasse. Il explique : « nous avons chassé les animaux de manière intense pendant des années. Maintenant les braconniers pénètrent de plus en plus dans le parc de Salonga pour trouver du gibier, or la chasse dans le parc est illégale. Nous ne connaissions pas le rôle de la forêt et c’est grâce à Oxfam et au WWF que nous comprenons maintenant pourquoi il est  important de préserver la nature.

Lorsque je compare la vie que je menais quand j’arpentais les forêts à la recherche de gibier  et ma vie actuelle, le contraste est très grand : en réalité nous n’étions pas vraiment gagnants. Les sommes que nous obtenions étaient plutôt dérisoires même si nous ne manquons jamais de viande à manger».

Donatien tire beaucoup de fierté de ce qu’il sait accomplir maintenant avec l’agriculture et insiste sur le fait que pour rien au monde il ne reprendrait son ancienne activité de chasseur !

 

»Nous nous sommes rendus compte que cela [l'agriculture] était une alternative très intéressante pour gagner notre vie".«
Donatien Nathanael Tshikala