Communiqué: L’ICCN et le WWF annoncent la signature d’un nouvel accord de partenariat pour le Parc National de la Salonga
Kinshasa, 19 Novembre 2021, L’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et le WWF-RDC ont le plaisir d’annoncer la signature d’un nouvel accord de partenariat pour le Parc National de la Salonga. L’accord place fermement les droits de l’homme au centre du travail de conservation afin d’encourager une conservation inclusive, centrée sur la communauté.
S’étendant sur 63.500 km2, Salonga et sa périphérie abrite près 900.000 personnes au sein des communautés locales et peuples autochtones. Environ 280.000 habitants résident dans la périphérie immédiate du parc. Bien que la population soit essentiellement homogène, composée de sous-groupes de Mongo (Bantous), il existe des communautés éparpillées de Batwa. Les communautés de toute la région pratiquent l’agriculture, la chasse, la pêche, la cueillette de nourriture, de produits forestiers non ligneux et de plantes médicinales pour survivre – et dépendent donc fortement de la nature.
Connue comme un bastion de la biodiversité, la Salonga est un habitat essentiel pour les bonobos (dont on estime qu’ils représentent 40 % de la population mondiale restante), les éléphants de forêt, le paon du Congo et d’autres espèces menacées. Elle a été désignée site du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1984 et ajoutée à la liste des sites du patrimoine mondial en danger en 1999, en grande partie à cause du braconnage généralisé des éléphants. Elle n’a été retirée de la liste qu’en juillet de cette année, dans une reconnaissance encourageante des efforts déployés par la RDC et sa population.
Les habitants de la région sont confrontés à des difficultés socio-économiques généralisées. Ils ont un accès limité aux services, aux marchés ou aux capitaux pour améliorer leurs moyens de subsistance. La gestion communautaire durable des ressources naturelles pourrait répondre à de nombreux besoins locaux. Le nouvel accord de partenariat oblige l’ICCN et le WWF à assurer la promotion du développement communautaire par le biais d’activités de conservation. Il prévoit explicitement de faire appel à une organisation de défense des droits de l’homme, qui travaillera en tant que partenaire pour intégrer les approches basées sur les droits, un rôle qui est assumé par l’ONG locale Jurec (Juristes pour l’Environnement au Congo), connue pour son travail sur l’approche basée sur les droits dans le secteur de l’environnement en RDC.
L’ICCN et le WWF travailleront à renforcer les 350 CLD (comités locaux de développement) déjà mis en place et à intensifier l’agriculture durable comme alternative à la culture sur brûlis, à faciliter l’accès aux marchés, à soutenir son extension et à mettre en place des banques de semences et des pépinières. Cette action s’appuie sur les efforts entrepris depuis 2003 et plus récemment en partenariat avec ISCO, OXFAM et d’autres organisations, qui ont permis la création de six concessions forestières communautaires, la formation de plus de 14.000 agriculteurs au cours des trois dernières années, la construction de 11 installations de stockage des produits agricoles et l’achat de moulins à grains, de presses à huile et de décortiqueuses de riz. Plus de 400 tonnes de produits agricoles locaux ont été transportées et commercialisées ailleurs, y compris dans la capitale Kinshasa, au profit des producteurs locaux.
En 2020 l’ICCN a créé une nouvelle direction des droits de l’homme au siège de Kinshasa. Il est convenu que toutes les activités conjointes avec le WWF dans le parc national de la Salonga seront entreprises sur la base des garanties environnementales et sociales du WWF. Cela comprend l’interdiction de la réinstallation involontaire des communautés, l’établissement d’un protocole pour l’escalade des incidents, la mise en place d’un mécanisme efficace de suivi et d’évaluation et d’un mécanisme indépendant de traitement des plaintes.
Cela va de pair avec la responsabilité de l’ICCN de garantir un soutien efficace et sûr aux activités de lutte contre le braconnage, dans le plein respect des droits de l’homme. Le nouvel accord prévoit que l’ICCN autorise le travail d’une organisation spécialisée dans l’application de la loi – Chengeta – sur la formation et la professionnalisation des écogardes du gouvernement, en mettant l’accent sur les droits de l’homme et les relations communautaires. Le mécanisme indépendant de gestion des plaintes au niveau du paysage (à mettre en place) contribuera à garantir que toute plainte déposée sera traitée avec les normes les plus élevées d’objectivité et d’engagement, tout en préservant les intérêts de toutes les parties prenantes. Si une plainte ne peut être résolue au niveau du paysage ou du pays, le WWF a nommé un médiateur indépendant au niveau de son réseau mondial, une première dans le secteur de la conservation.
Nos efforts à Salonga reposent sur une collaboration et un engagement continus entre toutes les parties prenantes afin de garantir que les droits et les avantages des communautés soient au cœur des activités de conservation. Ce sera également le point d’ancrage du modèle de fondation proposé que la RDC souhaite établir pour le parc national de la Salonga et vers lequel le nouvel accord entend soutenir la transition. La fondation proposée sera chargée de gérer le parc au nom de l’ICCN et d’autres partenaires contribueront aux questions relevant de leur expertise.
Une récente évaluation du suivi biologique des espèces a confirmé que les populations d’éléphants et de bonobos étaient relativement stables – 1.600 éléphants de forêt et 15.000 bonobos – et il est essentiel de veiller à ce que la conservation ait également un impact positif sur les habitants de la Salonga, qui en sont les gardiens traditionnels et dépendent le plus de sa biodiversité. Nous sommes impatients de poursuivre notre travail avec nos partenaires et les communautés de la Salonga afin de promouvoir une conservation basée sur les droits dans le plus grand parc national forestier d’Afrique.
Note
Le nouvel accord de partenariat ICCN-WWF vise à répondre aux engagements pris par le WWF dans le cadre de la réponse de la direction à l’examen indépendant, qui était une priorité pour les deux parties. Il est centré sur les piliers clés suivants :
- Engagement conjoint des parties à rendre opérationnel un partenariat avec une organisation des droits de l’homme pour travailler avec l’ICCN, le WWF et d’autres partenaires pour intégrer des approches basées sur les droits.
- Un soutien efficace et sûr aux activités de lutte contre le braconnage qui respecte pleinement les droits de l’homme.
- Activités entreprises sur la base du cadre de sauvegarde environnementale et sociale du WWF (ESSF).
- Aucune réinstallation involontaire des communautés.
- Les activités de lutte anti braconnage relèvent de la responsabilité de l’ICCCN.
- Mise en place de structures de gouvernance participatives.
- Promotion du développement communautaire.
- Établissement d’un protocole pour l’escalade des incidents.
- Mise en place d’un mécanisme efficace de suivi et d’évaluation.
- Mise en place d’un mécanisme efficace et indépendant de traitement des plaintes.
Un résumé de l’accord est disponible ici.
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