Un long voyage des champs au marché
Après un long voyage en bateau, un groupe de paysans appuyés par les partenaires du Parc national de la Salonga dans le cadre du Programme agricole rural et de conservation du complexe de la Salonga (PARCCS) est enfin arrivé à Kinshasa le 2 octobre 2019.
Le bateau a commencé son voyage le 15 août au départ de Kole sur la rivière Lukenie dans la Province du Sankuru. Il a ensuite rejoint des points de chargements aménagés par l’ONG Oxfam à Itedji, Braza, Bambole, Dekese, toujours sur la rivière Lukenie mais cette fois-ci dans la Province du Kasai. Le bateau a ensuite fait escale dans les villages de de Bongimba et Dika dans la Province du Mai Ndombe afin de compléter son chargement.
La région d’où viennent ces agriculteurs est voisine du Parc national de la Salonga. Traditionnellement ces populations tiraient du parc une grande partie de leur approvisionnement en nourriture, essentiellement le gibier. L’idée centrale du PARCCS est de contribuer à la protection et à la valorisation du parc de la Salonga tout en augmentant les retombées économiques positives pour les populations locales : protéger le parc mais aussi prendre soin des populations.
Le PARCCS fournit ainsi du matériel agricole, des semences et un encadrement aux organisations paysannes organisées au sein des CLD (Comités locaux de développement). Une agriculture améliorée et rentable devrait ainsi avoir pour effet de rendre le parc moins attractif comme source de revenu.
La région est cependant notoirement difficile d’accès. Les nouvelles méthodes agricoles plus efficaces peuvent aider à augmenter la production, encore faut-il l’évacuer pour la vendre. Pour aider à surmonter cette difficulté, Oxfam ainsi donne un appui aux paysans qu’elle encadre en facilitant le transport de leur production agricole vers les lieux de vente et de consommation.
Un long voyage en bateau sépare les agriculteurs de la Salonga de la capitale Kinshasa, où les produits agricoles atteignent des prix plus élevés que chez eux.
Une nouvelle opportunité : la production agricole
A la fin de 2019, les paysans appuyés par le PARCCS ont pu ainsi ramener à Kinshasa 418 tonnes de manioc, maïs, riz, arachides et autres produits vivriers. Donatien Nshikala Njondo appelé aussi Nado venu de Dekese témoigne avec satisfaction : « les appuis agricoles m’ont aidé à changer de vie. Je vivais auparavant de la chasse que je pratiquais dans le parc. J’ai appris la chasse de mon père et j’ai tué toutes sortes d’animaux. C’était une vie très dangereuse. Et même si nous pouvions trouver de l’argent, cet argent ne servait pas à grand-chose. Grâce à la vente de mes produits transportés lors du premier voyage, j’ai pu acheter une moto, des appareils de phonie et des vêtements. Je n’ai vraiment plus envie de pratiquer encore la chasse. L’agriculture tel que nous l’enseigne Oxfam est de loin plus rentable ».
Papy Gabriel Lokango, habite Bongimba, dans le Mai Ndombe, à la lisière du parc de la Salonga. Dans le passé, il était un acheteur-revendeur de gibier mais il préfère de loin sa nouvelle vie : « grâce à l’agriculture, je ne gagne plus ma vie dans l’illégalité ». Il fait partie des personnes qui ont bénéficié de la réactivation par Oxfam des anciennes plantation de palmiers à huile à Bongimba, qui sont désormais gérés de manière durable. Papy Gabriel est convaincu que la communauté tirera de grands avantages des palmiers à huile, une fois qu’ils seront parvenus au stade de production. Pour Papy Gabriel, le braconnage est une activité présentant trop d’aléas et des bénéfices incertains. Avec le revenu de la vente de ses produits, il compte acheter un moulin qu’il ramènera chez lui à Bongimba.
En donnant aux populations dont le mode de vie était intimement lié à la chasse, d’autres moyens de subvenir à leurs besoins, le PARCSS parvient progressivement à convaincre les communautés de l’importance de la conservation du parc. Ce sont les communautés alors qui deviennent les premiers défenseurs du parc.
»Les appuis agricoles m’ont aidé à changer de vie. Je vivais auparavant de la chasse que je pratiquais dans le parc. J’ai appris la chasse de mon père et j’ai tué toutes sortes d’animaux. C’était une vie très dangereuse. Et même si nous pouvions trouver de l’argent, cet argent ne servait pas à grand-chose. Grâce à la vente de mes produits transportés lors du premier voyage, j’ai pu acheter une moto, des appareils de phonie et des vêtements. Je n’ai vraiment plus envie de pratiquer encore la chasse. L’agriculture tel que nous l’enseigne Oxfam est de loin plus rentable ».«
Moyens de subsistance maintenus et petites entreprises
D’autres passagers à bord du bateau ont aussi leur histoire à raconter sur comment leurs sources de revenu et leur manière de vivre se sont transformées. Rose Ikopo raconte : «J’étais auparavant vendeuse de viande de brousse et m’approvisionnait auprès des chasseurs. Cependant, avec la raréfaction du gibier en forêt et les restrictions contre la chasse, les affaires ne marchaient plus convenablement ». Le Projet PARCSS lui a fait découvert l’agriculture. Grâce à l’encadrement des animateurs du projet, le revenu qu’elle tire de l’agriculture est de loin supérieur à ce qu’elle gagnait avec la vente de gibier. « Ma vie a changé, je suis capable grâce à mon champ de nourrir ma famille de 7 enfants sans trop de peine ».
Brigitte Ipanya, une maman de huit enfants et grand-mère a pu scolariser ses enfants et lancé une petite affaire : « grâce à ce projet j’ai pu ouvrir une pharmacie, j’ai une maison en construction. Aujourd’hui, j’arrive à produire beaucoup plus que dans le passé. Je suis fière de moi ! » s’exclame cette femme pleine d’énergie, en réclamant à Oxfam et WWF de « continuer à nous soutenir sur cette voie ».
Les activités d’Oxfam dans le paysage du parc Salonga ont pour objectif de contribuer au développement socio-économique des communautés. « Nous sommes très contents. Nous savons maintenant mieux cultiver les champs, ce qui nous permet d’augmenter nos revenus et investir », témoigne Laurence Bansanko, cette habitante de Dekese-Centrale qui grâce à ce projet a investi pour sa communauté en construisant un centre de santé.
Avec les restrictions entraînées par l’épidémie de Covid-19, le projet a encouragé les CLD à écouler leurs productions sur les marchés locaux. Ils ont choisi de maintenir la vente regroupée tout en s’organisant avec leurs propres moyens.
Le projet PARCCS a permis à plus de 14.000 participants de se former aux méthodes de l’agriculture durable. Ainsi, ces nouveaux agriculteurs sont aujourd’hui mieux outillés pour poursuivre leurs activités et créer les conditions pour un avenir meilleur. Dans un futur proche, Oxfam proposera de planter des cultures diversifiées qui ont déjà donné de bons résultats ailleurs, par exemple : le cacao, l’hévéa, le manioc, etc. qui devraient contribuer aux résultats attendus à la fin du projet en 2021.
»Grâce à ce projet j’ai pu ouvrir une pharmacie, j’ai une maison en construction. Aujourd’hui, j’arrive à produire beaucoup plus que dans le passé. Je suis fière de moi ! » «
La vente groupée de la production agricole aux marchés plus profitables de Kinshasa.